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Surbooking : le cauchemar de tous les voyageurs
Publié le 27/10/2025 à 16h57 et mis à jour le 29/10/2025 à 10h56
Le surbooking : une pratique controversée dans le transport aérien
Le surbooking, ou « surréservation », est une pratique courante dans le secteur du transport aérien. Elle consiste à vendre plus de billets que de sièges disponibles dans un avion. Cette stratégie, bien qu’économiquement rationnelle pour les transporteurs, soulève de nombreuses questions d’ordre juridique, éthique et pratique pour les passagers.
Pourquoi les compagnies aériennes pratiquent-elles le surbooking ?
L’argument principal avancé par les compagnies repose sur la prévision des comportements des voyageurs. En effet, un certain pourcentage de passagers annule, modifie son vol ou ne se présente tout simplement pas à l’embarquement. Sans surbooking, l’avion risquerait de décoller avec des sièges vides, ce qui représenterait une perte financière. Ainsi, en surestimant légèrement le nombre de billets vendus, les compagnies maximisent leur taux de remplissage et, par conséquent, leur rentabilité. Cette pratique est d’autant plus importante dans un secteur marqué par une forte concurrence et des marges de profit relativement faibles.
Les conséquences pour les passagers
Si le calcul s’avère exact, personne ne remarque la surréservation et tout le monde embarque normalement. En revanche, lorsque tous les passagers se présentent, certains se retrouvent sans siège disponible. Ces voyageurs sont alors victimes de ce que l’on appelle un « refus d’embarquement ». Selon la réglementation européenne (règlement CE 261/2004), les compagnies aériennes ont l’obligation de chercher d’abord des volontaires pour céder leur place, en échange d’avantages tels qu’une compensation financière, un bon de voyage ou un réacheminement. Si aucun volontaire ne se manifeste, la compagnie peut refuser l’embarquement de passagers contre leur gré, mais doit alors verser une indemnisation et proposer une solution de transport alternative.
Un cadre juridique protecteur
En Europe, l’indemnisation varie généralement entre 250 et 600 euros, selon la distance du vol, en plus de la prise en charge des repas, de l’hébergement éventuel et du réacheminement. Ces règles visent à protéger les consommateurs et à limiter les abus. Toutefois, dans la pratique, de nombreux passagers méconnaissent leurs droits et acceptent des compensations inférieures à ce qu’ils pourraient réclamer.
Une pratique critiquée mais difficile à éliminer
Le surbooking fait régulièrement l’objet de critiques. Les associations de consommateurs y voient une source d’injustice et de stress pour les voyageurs, qui paient un billet sans garantie absolue de pouvoir voyager. Les compagnies, de leur côté, rappellent que cette méthode contribue à maintenir des prix plus compétitifs pour l’ensemble des passagers. Sans surbooking, le coût lié aux sièges vides serait répercuté sur les tarifs, rendant le transport aérien moins accessible.
Vers une meilleure transparence ?
Certains experts estiment qu’une solution résiderait dans une communication plus claire : informer les passagers dès l’achat du billet de la possibilité de surbooking et expliquer les droits qui en découlent. Par ailleurs, l’amélioration des outils de prévision et l’usage de l’intelligence artificielle pourraient permettre de réduire les erreurs de calcul, et donc les refus d’embarquement forcés.
Le surbooking illustre parfaitement le dilemme entre logique économique et satisfaction des clients. S’il permet aux compagnies aériennes de rester compétitives, il expose aussi les passagers à des désagréments parfois importants. Tant que cette pratique perdurera, la connaissance et l’application des droits des voyageurs restent essentielles pour rééquilibrer la relation entre transporteurs et consommateurs.
Auteur : Arnaud Gérard
Ancien responsable régional du Grand-Ouest chez Europ Assistance, il a créé Assur-Travel avec Philippe Munier en 2004.
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