Quand la planète ferme ses portes : ces lieux touristiques victimes de leur succès

Publié le 29/10/2025 à 14h15 et mis à jour le 31/10/2025 à 15h39

Depuis plusieurs années, les destinations de rêve paient le prix fort de leur beauté. La montée du tourisme mondial, combinée aux effets du changement climatique et de la pollution, a conduit de nombreux sites emblématiques à fermer temporairement ou définitivement leurs portes. Derrière les cartes postales et les selfies, se cache une réalité plus sombre : la fragilité de notre patrimoine naturel et culturel.

Maya Bay, la plage star devenue symbole du surtourisme

La baie de Maya, en Thaïlande, est devenue mondialement célèbre après la sortie du film The Beach. Mais le succès fut dévastateur. Chaque jour, des milliers de touristes débarquaient sur ce petit bout de paradis, endommageant les récifs coralliens et saturant la baie de pollution. En 2018, les autorités thaïlandaises ont pris une décision radicale : fermer le site pour permettre la régénération de l’écosystème. Plus de 80 % des coraux avaient été détruits avant la fermeture. Depuis, des programmes de restauration ont été mis en place, et la baie a rouvert sous des conditions très strictes : nombre limité de visiteurs, interdiction de baignade et fermeture saisonnière pour préserver l’équilibre du milieu marin.

Boracay, la renaissance d’une île paradisiaque

À plus de 2 000 kilomètres de là, les Philippines ont connu une histoire similaire. L’île de Boracay, célèbre pour ses plages blanches, était devenue un symbole du tourisme de masse incontrôlé. Le président philippin a qualifié l’île de “fosse septique” et a ordonné sa fermeture pendant six mois. Durant cette période, les infrastructures ont été rénovées, les systèmes d’égouts modernisés et les hôtels non conformes démolis. Depuis sa réouverture, Boracay fonctionne sous un régime strict : quotas de visiteurs, plages nettoyées quotidiennement, et contrôle renforcé sur la pollution et la gestion des déchets.

Lascaux, la grotte qui respire mieux sans nous

La France a, elle aussi, fait face à ce dilemme entre conservation et tourisme. Découverte en 1940, la grotte de Lascaux abrite certaines des plus belles peintures rupestres du monde. Mais dès les années 1950, l’humidité, la chaleur et la respiration humaine ont commencé à altérer les œuvres. La grotte a été fermée au public pour éviter une dégradation irréversible. Depuis, des répliques fidèles permettent au public d’admirer ces chefs-d’œuvre sans menacer l’original.

Les falaises de Moher, quand la nature dit stop

En Irlande, les majestueuses falaises de Moher attirent chaque année plus d’un million de visiteurs. Mais le sentier côtier reliant Liscannor à Doolin a été partiellement fermé en 2025 en raison de risques d’effondrement et d’incidents liés à la fréquentation excessive. L’érosion, aggravée par le piétinement et le climat, menace désormais la stabilité même du site.

Vers un tourisme plus conscient

Ces fermetures ne sont pas de simples anecdotes : elles témoignent d’un tournant dans notre rapport au voyage. Les gouvernements comme les voyageurs prennent conscience que le tourisme, s’il n’est pas maîtrisé, peut détruire ce qu’il vient admirer. La solution passe par la régulation, l’éducation et le respect des lieux. Car si la planète ferme ses portes, ce n’est pas par caprice, mais pour pouvoir un jour nous les rouvrir.

Photo de Arnaud Gerard

Auteur : Arnaud Gérard

Ancien responsable régional du Grand-Ouest chez Europ Assistance, il a créé Assur-Travel avec Philippe Munier en 2004.

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